Il était sept heures du matin et la nuit était encore noire. Quelque part au fond du parc d'Australia, plusieurs étudiants de divers âges, maisons et origines, étaient assis autour d'un feu de camp, lequel crépitait. L'un deux, qui, âgé de seize ans environ, ressemblait plus à un homme qu'à un adolescent, avait l'air particulièrement sérieux et la plupart des autres le regardaient en attendant qu'il parle. Ils étaient tous plus ou moins tournés vers lui. Le groupe, constitué de onze sorciers en tout, était principalement composé de garçons, bien qu'une jeune fille était également là, allongée sur le ventre dans l'herbe verte et jouant distraitement avec des brindilles. Trois d'entre eux, plus jeunes mais presque tout aussi grands, semblaient à la fois perdus, impatients et émerveillés. Ils attendaient, dans un silence uniquement rompu par les crépitements du feu, que le plus âgé d'entre eux parle. Les autres ne paraissaient pas aussi attentifs, faisant griller de la nourriture, jouant distraitement avec l'herbe, discutant à voix basse ou regardant les étoiles, l'air ailleurs. L'un d'entre eux était même penché sur ce qui semblait être un devoir. Le bois craqua, envoyant une gerbe d'étincelles qui s'envolèrent dans la nuit, brillantes, avant de retomber lentement sur la pelouse, la parsemant de minuscules étincelles rouges. Le plus grand et âgé des garçons se racla la gorge et chacun interrompit ses activités pour se concentrer sur son récit, qu'il raconta avec une certaine majesté dans la voix, tel un vieux conteur.

« Il y a de cela plusieurs décennies, un peuple aborigène appelé les Makoi occupait la région dans une plaine reculée du pays. Ils n'étaient pas nombreux et vivaient depuis toujours en paix. Leurs terres riches étaient convoitées, et d'autres peuples souhaitaient s'approprier leur domaine, cependant la magie le protégeait de tout danger.

En effet, les hommes Makoi avait la capacité de quitter leur enveloppes corporelles pour se déplacer sous forme d'esprit. Ainsi, ils étaient intouchables, inattaquables. Certes, sous cette forme, ils ne pouvaient frapper leurs ennemis, mais ils pouvaient les effrayer, les faire fuir, car sous l'était d'esprit, les animaux et les quatre éléments étaient avec eux. De ce fait ils étaient donc invincibles, sans compter qu'en état d'esprit, les guerriers ne vieillissaient pas. La paix fut donc décider avec les peuples voisins, qui avaient abandonner l'idée de pouvoir un jour se procurer les terres Makoi. Des traités de non-agression furent signés, et les Makoi, qui étaient également un peuple bon et honnête, ne profitèrent pas de la magie pour étendre leurs terres et prendre du pouvoir, ils se contentèrent de se servir de ce don pour se protéger. »

L'un des garçons marmonna quelque chose d'à peine audible, une plaisanterie sans doute car un sourire fripon et amusé glissa à ses lèvres. L'unique fille du groupe soupira et lui donna une petite frappe sur la tête. L'homme tâcha d'ignorer ces distractions et continua son récit.Les autres, semblant connaître ce discours par cœur et semblant être habituer aux remarques amusantes de leur ami, eurent un semblant de sourire mais restèrent sérieux et attentifs. Les trois plus jeunes de groupes, concentrés et fascinés, continuèrent, comme si de rien n'était bien qu'irrités par cette interruption, à boire ses paroles, passionnés par les légendes qui leur étaient contées.


« Un jour cependant, une tribu d'une demi-douzaine de personnes arriva et voulu attaquer les Makoi. Ceux-ci ne reconnut pas ses ennemis comme des hommes. Ils étaient différents et bien plus dangereux que n'importe que clan humain. Les Makoi - qui à l'époque étaient neuf - comprirent aussitôt que ces créatures étaient les responsable des récentes disparitions répétées dans les régions avoisinantes. Ils avaient une drôle d'odeur, ils étaient froids comme la glace et durs comme la pierre, et leurs yeux avaient une étrange couleur rouge sang. Les guerriers prirent forme d'esprit pour chasser cet ennemi comme ils avaient chassé les autres. Mais il n'en fit rien: les Sangs-Froids, comme ils les appelèrent, ne fuirent pas. Au contraire ils s'attaquèrent aux autres, tuant femmes, enfants, hommes, vieillards, vidant chacun de tout son sang. Ils saccagèrent également leurs tipis, puis quittèrent les lieux ravagés.

Seuls les guerriers étaient encore vivants, insaisissables sous leur forme d'esprit. Mais ils avaient tout perdu. Dévastés tel leur territoire, ils restèrent sous forme d'esprit, errant dans les environs sans but précis. Seul un homme, Tohunga, reprit forme humaine. Il souffrait du chagrin, du froid, car c'était l'hiver, et de la faim, lorsqu'une meute d'immenses loups vint à lui. Ils lui offrirent de la viande fraîche et le conduire dans la forêt. Là, Tohunga prit forme d'esprit et put communiquer avec les loups. Sage, courageux, fort et intelligent, d'une certaine manière, l'animal lui proposait d'intégrer son corps. Les autres esprits entendirent ses pensées et tous se réunirent. Tohunga fut le premier à intégrer l'enveloppe charnelle du loup. Tout se passa bien et les autres firent de même. Entrer dans le corps du loup fut bénéfique. La force et la taille de l'animal permit aux hommes de se battre. Ils étaient d'une force impressionnante. Ils décidèrent donc de se mettre à la recherche des Sang-Froids qui avaient détruit leur foyer et leurs famille. Bientôt, grâce à leur flair ils trouvèrent leur trace et grâce à leur vitesse ils les rattrapèrent. Un difficile combat s'ensuivit. Les Sang-Froids étaient supposés immortels, mais en réalité, il était possible de les tuer, bien que la tâche fut extrêmement pénible et dure. Les loups étaient en supériorité numérique et, bien qu'encore peu expérimentés, ils réussirent, grâce à leur force, à leur vitesse et à la colère et l'envie de vengeance qui les motivaient, ils parvinrent à éliminer tous leurs ennemis hormis un qui réussit à prendre la fuite.

La capacité de se transformer d'homme en loup était un réel atout, une force majeure qui se transmis de façon héréditaire. Cependant il n'y eut jamais plus de quatre loups à la fois, ce qui était suffisant pour combattre l'ennemi quand celui-ci se présentait, car ils se transmirent les uns aux autres l'art de combattre les Sang-Froids. Avec le temps, ils cessèrent de se transformer à l'âge adulte de guerrier. La transmutation ne se faisait que lorsque le peuple était de nouveau menacé. »


« Telle est la légende des esprits guerriers et des loups protecteurs, » termina d'une voix grave l'un des autres jeunes hommes qui semblaient déjà avoir assister à ce récit. La scène ressemblait fortement à une sorte d'initiation pour les trois plus jeunes garçons qui se regardaient à présent, plutôt perplexes.


« Quatre loups... Du moins jusqu'à maintenant, reprit le plus âgé, sérieux. Je pense que les Sang-Froids... »

« Les vampires, l'interrompit le garçon qui avait plaisanté quelques secondes plus tôt, se tournant vers les plus jeune pour leur expliquer, l'air railleur. Ces sangsues qu'on s'évertue à éliminer. Il y en a toujours qui reviennent. De plus en plus teigneuses en plus. Mais... »

« Je pense, reprit l'homme, que les Sang-Froids sont de plus en plus nombreux à cause du retour de... Vous-Savez-Qui. Le monde est régi par le mal, il m'apparaît donc comme normal que des créatures telles que les Sang-Froids soient de plus en plus nombreuses, et pas uniquement dans le pays. C'est pour cela, je pense, que nous sommes plus nombreux à présent. Nous étions trois il y a deux ans et les années d'avant, sept l'an dernier. Onze loups... souffla-t-il doucement. Ça n'est jamais arrivé depuis la première rencontre entre les esprits des Makoi et les Sang-Froids. »

Le silence submergea de nouveau le groupe tandis que derrière eux, le soleil commençait à se lever. Repensant aux légendes, ils se perdirent dans leurs pensées.

Il y eut trois autres transmutations avant la fin de l'année scolaire.

« Que sais-je, une bête sauvage peut-être? Vous n'imaginez même pas sur quoi on peut tomber au fond de la Forêt Interdite. »

Severus Rogue assis derrière son bureau, regarda longuement Edmund Blodwen dans les yeux. Celui-ci semblait plus soucieux que lui des derniers évènements arrivés à Poudlard, il faisait les cent pas et semblait en pleine méditation. Il soupira, s'arrêta quelques secondes et passa sa main sur son front, réfléchissant.

« Quel genre d'animal aurait pu... »

Il ne termina pas sa phrase. Contrairement à au Directeur de Poudlard qui, à l'instar de beaucoup d'autres, ne s'inquiétaient pas plus que ça, il se posait beaucoup de questions sur les meurtres qui avaient eu lieu à Poudlard, et les comprendre, les élucider, les résoudre, semblait pour lui être presque une priorité. En l'espace de trois mois, pas moins de trois élèves de Poudlard et quatre sorciers habitants de Pré-Au-Lard, avaient trouvé la mort de la même façon. Le responsable ne laissait aucune trace et son identité demeurait inconnue de tous. Chaque fois, il procédait de la même manière, n'utilisant pas la magie, abattant sa victime en lui rompant le cou puis la vidant de tout son sang, cependant ses motivations et sa nature étaient toujours un mystère. L'affaire était étouffée au possible. Les élèves n'avaient pas connaissance des morts des gens de Pré-Au-Lard et, pour ce qui était des élèves assassinés, on avait prétexté que l'un s'était enfui, qu'un autre était mort pour s'être aventuré au fin fond de la Forêt Interdite et que le dernier avait été éliminé car il était de sang-impur et avait tenté d'espionner le Directeur pour le compte de gens contre la Magie Noire. Ces explications étaient certes légèrement bancales, mais restaient plausibles et seuls quelques élèves particulièrement malins et sceptiques se posaient des questions, mais étaient bien trop intelligents pour en parler autour d'eux.

« Je pensais plutôt à un homme, en fait. » exposa le Ministre d'un air grave en se remettant à faire les cent pas.

C'était un homme sage, favorable au Maître des Ténèbres et au règne du mal. Cependant des morts injustes et inexpliquées, car les trois élèves et les sorciers de Pré-Au-Lard n'avaient apparemment pas grand chose en commun, l'interpelaient et il voulait que ce mystère soit résolu et l'assassin emprisonné ou tué. Un jeune Poufsouffle tout juste arrivé, une Gryffondor de sang-pur rebelle et contre le mal, un Serdaigle de dix-sept ans d'origines moldues, deux femmes de ménage, un nain serveur très âgé et un homme discret et solitaire. Sept personnes avaient trouvé la mort. Sept personnes que rien ne rapprochaient. Se pouvait-il, comme le pensait le professeur Rogue, qu'elles aient été accidentellement tuées par une bête sauvage, s'étant trouvé au mauvais endroit au mauvais moment? Ou était-ce bien un homme qui avait réfléchi et prévu l'attaque avant d'agir? Soudain, Edmund Blodwen s'arrêta de nouveau et se frappa le front.

« Mais pourquoi n'y ai-je pas pensé? »

Le professeur Rogue tourna la tête vers lui et attendit patiemment l'explication.

« Et s'il s'agissait de vampires? »

Severus Rogue médita un instant cette hypothèse, croisant les bras sur son torse. C'était une théorie admissible. Au début de l'année précédente, il avait accepté la présence d'un clan de vampires végétariens à Poudlard, ce qui ne lui avait pas semblé être une mauvaise idée à l'époque. Un professeur et quelques élèves vampires, ne se nourrissant que de sang animal étaient alors entré à l'école, mais jamais Rogue n'avait eut de problèmes avec eux. Cependant, les victimes ayant été vidées de leur sang et n'ayant aucun point en commun, il était probable qu'elles soient malencontreusement tombées sur des vampires carnivores et que ceux-ci avait mis fin à leur vie, ce qui expliquait certaines choses. Si cette idée s'avérait vraie, cela signifiait ou que les vampires qu'il avait accepté à Poudlard en avait créé d'autres, or il est de notoriété publique que les jeunes vampires sont difficilement contrôlables, ou que la présence d'un clan assez vaste depuis plus d'une année au même endroit avait amené d'autres buveurs de sang à venir par ici.

« Voilà une idée recevable, mais qui reste à prouver, » répondit calmement Rogue. « Et quoi qu'il en soit, il faudra régler cette affaire. Rapidement. » ajouta-t-il avant de congédier poliment le Ministre de la Magie.

Vendredi 25 Juin 2010, bureau du Directeur de Poudlard,

Edmund Blodwen entra dans le hall de Poudlard. Les regards de tous les élèves qui n'avaient pas cours – ou de ceux qui n'avaient pas envie d'y aller, étant donné qu'il ne restait plus que quelques jours avant les vacances – se tournèrent vers lui, certains se mirent même à chuchoter, mais il les ignora. Il traversa le hall sans se retourner, la tête haute. Il emprunta les grands escaliers qu'il monta d'un pas vif mais pas empressé. Il arriva bientôt sur le palier du bureau du Directeur de Poudlard, dans lequel il entra sans prendre la peine de frapper. Severus Rogue, assis à son bureau et occuper à lire tout un tas de paperasses leva les yeux vers lui.

« Que puis-je pour vous? » commença-t-il d'une voix cynique.

« Ça ne peut plus durer Severus, » l'interrompit le Ministre en se plaçant juste devant son bureau et en brandissant sous ses yeux un nouveau certificat de décès.

Edmund regarda Severus Rogue dans les yeux un certain temps. Si le Directeur de l'école de Magie avait pris les choses en mains, s'il avait cherché à régler cette affaire un peu plus tôt, cette histoire aurait vite été étouffée et ne serait plus qu'un lointain souvenir. À présent, en plus de plusieurs autres personnes, le fils de l'un des plus hauts magistrats avait perdu la vie. Cette histoire de meurtres commençait à faire du bruit et il ne tenait pas à ce que tout le ministère si ce n'est toute la communauté magique en entende parler.

« Vous êtes-vous entretenu avec ces vampires? » demanda le Ministre en s'asseyant en face du professeur Rogue.

« Évidemment que je leur ai parlé, s'exclama ce dernier. Aucun des leurs n'est responsable. Ils ont certes reconnu l'odeur de plusieurs autres de leur espèce mais n'ont pas pu les voir ni leur parler, ils n'en savent donc pas plus que nous. »

Mais s'il doutait que cela eut été possible, le Ministre fut déçu d'apprendre que les quelques vampires qui étudiaient à Poudlard n'en sachent pas plus qu'eux à propos des récents évènements. Heureusement cependant, il avait prévu que la situation serait ainsi et avait une solution. Une solution qui avait certains risques, qui n'était pas sûre de fonctionner et qui ne serait que temporaire, mais une solution quand même.

« Voilà qui est fâcheux, Severus, très fâcheux, commença-t-il en croisant ses jambes. Et dans ce cas, laissez-moi vous informer de l'arrivée en Septembre prochain des délégations australiennes. Dans le cadre d'un échange, visant à prôner la mixité sociale et d'ascendance, un groupe d'élèves australiens parmi lesquels compte une meute de loups, passeront l'année à venir à Poudlard. »

Severus Rogue, perplexe, observa le visage de son interlocuteur, cherchant à savoir s'il était sérieux. Edmund Blodwen resta tout à fait sérieux.

« Pardon? Vous voulez faire venir des loups à Poudlard? Des loups-garous? Avez-vous dans l'idée de mettre les élèves de cette école encore davantage en danger ou avez-vous perdu l'esprit? »

« Les loups australiens, descendants des guerriers australiens, sont les loups les plus contrôlables et les plus sûrs. Non qu'il n'y ai aucun risque. Cependant, ils n'ont rien à voir avec les ''enfants de la Lune'' ou les loups garou que nous connaissons. En fait, il s'agit de modificateurs, et ils ont une meute assez étendue et assez fiable pour... »

« Souhaitez-vous une guerre interne à Poudlard? L'interrompit Rogue. Mettre des loups avec des vampires au sein de l'école me semble une solution peu raisonnable, si je peux me permettre. »

« Les modificateurs ne s'en prendront qu'aux vampires carnivores qui sévissent aux alentours de Poudlard. C'est la seule solution, Severus. Et c'est une décision ministérielle contre laquelle vous ne pouvez rien. »